Grand Seiko pour les Nuls - Les mouvements
Après avoir évoqué les divers aspects du design de Grand Seiko, je vous propose donc aujourd’hui de passer au côté verso et de voir comment les valeurs de précision et de fiabilité se traduisent dans les mouvements de la marque.
L’offre de Grand Seiko s’articule autour de 3 technologies:
- les mouvements mécaniques 9S
- les mouvements quartz 9F
- les mouvements Spring Drive 9R
Les mouvements 9S sont fabriqués, assemblés et emboités par Seiko Instruments Inc à Shizukuishi, préfecture d'Iwate, dans le nord du Japon, alors que les 9R et 9F sont fabriqués, assemblés et emboités par Seiko Epson à Shiojiri, préfecture de Nagano, dans les Alpes Japonaises, au centre du Japon.
Dans sa période vintage (1960-1975), Grand Seiko représentait l’excellence Japonaise de l’horlogerie mécanique, avec des mouvements extrêmement qualitatifs et innovants, en particulier les mouvements dits Hi Beat battant à 36000 alternances par heure.
Avec la montée du quartz, Grand Seiko disparait en 1975 avant de renaître en 1988 avec des mouvements quartz.
Ce n’est qu’en 1998 que la marque renaîtra avec des mouvements mécanique.
Puis le début des années 2000 sera marqué par l’arrivée du Spring Drive, un mouvement haut de gamme unique à Seiko, un petit bijou technologique et une vraie révolution horlogère.
La connaissance de ces différents mouvements permet aussi de mieux comprendre le langage secret des références Grand Seiko.
J’ai essayé de faire quelque chose de pas trop technique, accessible à tous, mais à la fois assez complet. Si certains sujets techniques vous intéressent, la discussion est ouverte !
Les mouvements mécaniques 9S: le classique, héritage des années 60
Principe de fonctionnement
Rien de bien original ici, comme pour toutes les montres mécaniques, un ressort de barillet, une train de rouage, un échappement. Pas besoin d’aller plus loin il me semble.
Les spécificités
L’accent est mis sur deux aspects: la précision et la robustesse/fiabilité/durabilité.
Grand Seiko utilise des alliages propriétaires pour le ressort de barillet (amélioration de la réserve de marche) et pour le spiral (grande élasticité, reprend sa forme même après de grandes déformations).
L’ancre et la roue d’échappement sont fabriqués à l’aide de la technologie MEMS qui permet de faire des pièces plus précises, plus petites, plus légères. Les dents ont à leur extrémité des petits décrochements qui servent de réservoir à lubrifiant.
Toutes les roues (leurs dents pour être plus précis) du train de rouage sont polies une à une pour assurer une transmission de l’énergie optimale.
On retrouve deux mouvements principaux, 9S6x (plusieurs déclinaisons en fonction des complications) et 9S8x (idem).
Le 9S6x est un mouvement à 28,800 alternances avec plus de 72h/3 jours de réserve de marche, alors que le 9S8x est un mouvement dit Hi-Beat, à 36,000 alternances, avec 55 heures de réserve de marche.
Tous les mouvements mécaniques Grand Seiko suivent le «Standard Grand Seiko», avec 17 jours de tests dans 6 positions et à 3 températures différentes. Les tolérances de marche sont de -3/+5 secondes par jour (je ne rentre pas plus dans les détails de chaque mesures, mais c’est un standard très complet et stricte).
Historique et évolution
Le premier calibre 9S a été développé par Akira Ohira pour la renaissance des Grand Seiko mécaniques en 1998. Il s’est basé sur le calibre 52, un mouvement mécanique haut de gamme sorti en 1970, ayant été amélioré et relancé en 1992. Le 9S s’en inspire mais est une version nettement supérieure et entièrement repensée.
Ce premier calibre de 1998est le 9S5x, proposé en version 3 aiguilles sans date (9S51) et avec la date (9S55). Ce mouvement ne propose que 48h/2 jours de réserve de marche.
Après deux variantes (la 9S54 à remontage manuel en 2001 et le 9S56 GMT en 2002), Grand Seiko commence à remplacer en 2006 les 9S5x par les 9S6x toujours utilisés aujourd’hui, avec quelques évolutions techniques et surtout la réserve de marche qui passe de 2 jours à 3 jours.
Sa première version est le 9S67 avec l’indicateur de réserve de marche à 3h et qui ne sera pas produit très longtemps. En 2010, Grand Seiko propose les versions classiques 3 aiguilles no-date 9S61 et date 9S65. Au fur et à mesure, le 9S6x connaitra différentes version (listées dans le point suivant).
En 2009, Grand Seiko introduit en parallèle du mouvement 9S6x son nouveau mouvement Hi Beat, une des signatures de Grand Seiko depuis la fin des années 60. Il s’agit du 9S85, une des signatures de Grand Seiko. Sa seule évolution à ce jour est le 9S86 sorti en 2014, qui rajoute la fonction GMT.
En 2018, Grand Seiko introduit son premier mouvement mécanique moderne pour femme, avec les 9S25 et 9S27, respectivement date et no date.
Grand Seiko a également introduit quelques rares montres équipées de mouvements «Special» et «VFA» (pour Very Fine Adjusted), qui font référence à des tolérances chronométriques plus strictes utilisées par GS dans les années 60 et 70. Special correspond à +/- 3s/jour et VFA +/- 2s/jour (en fait 30 sec/mois). Les références des mouvements sont identiques mais les cadrans indiquent Special ou VFA et le rotor est décoré du médaillon du lion en or.
Nouveautés
Pour les 60 ans de Grand Seiko, la marque vient d’annoncer un nouveau calibre mécanique pour 2020.
Il s’agit du 9SA5, un mouvement intégralement repensé par rapport aux 9S classiques.
Il s’agit d’un mouvement Hi Beat avec 80 heures de réserve de marche, une nouvelle disposition du train de rouage qui permet de réduire l’épaisseur du mouvement et surtout un nouvel échappement.
Pour les amateurs de technique, il s’agit d’une amélioration de l’échappement Robin, déjà retravaillé au début des années 2000 par Audemars Piguet. Au premier coup d’oeil on pourrait penser au Co-Axial de Daniels/Omega, mais le nouvel échappement GS génère moins de frottements, avec moins de pièces, ce qui le rend techniquement supérieur.
Ce nouveau mouvement utilise également pour la première fois un spiral à courbe terminale. La forme est différente de celle de Bréguet mais le principe reste le même.
L’échappement profite d’un pont traversant, la découpe des ponts et les décorations sont très différents de ce que faisait GS par le passé, avec un look beaucoup plus Européen.
Liste des mouvements et références associées
9S51 No Date - SBGR
9S54 Manuel - SBGW
9S55 Date - SBGR
9S56 GMT - SBGM
9S61 No Date - SBGR ou STGR
9S63 Petite seconde à 9h + indicateur de réserve de marche à 3h - SBGK
9S64 Manuel - SBGW
9S65 Date - SBGR
9S66 GMT - SBGM
9S67 Indicateur de réserve de marche à 3 - SBGL
9S68 Date (diamètre supérieur) - SBGR
9S85 Date - SBGH
9S86 GMT - SBGJ
9SA5 Date - SLGH
9S25 Date (ladies) - STGK
9S27 No Date (ladies) - STGK
Les mouvements quartz 9F: le quartz qui surpasse le quartz, assemblé à la main
Principe de fonctionnement
C’est Pierre et Jacques Currie qui ont découvert en 1880 une propriété intéressante du quartz, appelée la piézoélectricité. Il s’avère que certains matériaux comme le quartz se mettent à osciller (ou vibrer si vous voulez) lorsqu’ils sont traversés par un courant électrique. Si ce courant est régulier et que la température ambiante est stable, le cristal de quartz oscillera à une fréquence très stable, ce qui donne donc l’intérêt au quartz.
Contrairement à un échappement mécanique classique qui va osciller à 4 ou 5Hz, dans une montre à quartz, le quartz vibre à 32,768Hz, et plus un oscillateur oscille vite, plus il sera stable, ce qui participe grandement à la précision des mouvements à quartz.
Ici, le ressort de barillet (source d’énergie dans un mouvement mécanique) est remplacé par une pile et l’échappement à ancre est remplacé par un cristal de quartz et un moteur pas à pas.
C’est Seiko qui a commercialisé la première montre-bracelet à quartz au monde le 25 Décembre 1969.
Les spécificités
On associe souvent le quartz à la précision, et c’est vrai que généralement un mouvement à quartz sera bien plus précis qu’un mouvement mécanique. Ayant ici à faire à un des tous meilleurs mouvements à quartz au monde, il va de soit que la précision est exemplaire, mais ce n’est pas l’argument principal du 9F.
Je m’explique. Seiko proposait des quartz avec une tolérance de +/- 5 secondes par ans dès 1978. Donc l’évolution du quartz pour produire le 9F ne s’est pas faite dans le sens de l’amélioration de la précision, mais dans l’amélioration de la fiabilité et de la durabilité. Le 9F est rempli d’innovations techniques qui ne vont pas améliorer la tolérance chronométrique, mais qui vont améliorer le mouvement dans son ensemble. Je vous rappelle d’ailleurs qu’il y a 31 536 000 secondes dans une année, donc une tolérance de 10 secondes (+ ou - 5) correspond à une précision de 99,999968%.
Bon, maintenant ça va devenir un peu technique, accrochez-vous ou passez directement au point suivant.
Allez, voyons les spécificités des mouvements 9F:
- Mouvement encapsulé
Afin d’éviter l’intrusion de poussières dans le mouvement (y compris lors du changement de pile), celui-ci est encapsulé, ce qui participe également à augmenter la durée de vie des huiles.
- Des cristaux de quartz fabriqués en interne, sélectionnés puis vieillis
Les caractéristiques d’un cristal de quartz évoluent un peu au cours de sa vie. Grand Seiko vieilli donc artificiellement ses cristaux pendant 3 mois avant qu’ils soient prêts à être intégrés à leurs mouvements. Après cette phase de vieillissement accélérée et de stabilisation, uniquement les cristaux de qualité supérieurs sont sélectionnés si leurs caractéristiques sont conformes au standard exigeant de GS. D’autre part, chaque cristal de quartz ayant des propriétés légèrement différentes, ces caractéristiques sont enregistrées préalablement dans le circuit imprimé et chaque cristal sera couplé avec son propre circuit imprimé.
- Mouvement thermocompensé
Selon la température ambiante, la fréquence du quartz peut varier et donc influer la précision du mouvement. Le 9F utilise donc un système complexe qui va mesurer la température à l’intérieur du mouvement 540 fois par jour et adapter le courant appliqué au cristal dans le but d’assurer une fréquence constante.
- Twin Pulse Motor
Un des soucis des mouvements à quartz, c’est qu’ils ont un couple nettement inférieur aux mouvements mécaniques, ce qui rend l’utilisation d’aiguilles massives impossible. GS a réussi à contourner ce problème en développant un moteur qui donne non pas une impulsion par seconde, mais deux consécutives. Le double saut est invisible à l’oeil nu, mais permet l’utilisation d’aiguilles plus massives, une des signatures esthétiques de GS (cf le chapitre 2 sur le design des cadrans et des aiguilles).
- Anti Backlash Auto-Adjust mechanism
Dans tout train de rouage, il faut qu’il y ait un peu de jeu entre les roues pour qu’elles s'engrènent parfaitement. C’est ce jeu qui explique que dans tout mouvement à quartz, la trotteuse ne s’arrête jamais nettement sur chaque graduation, mais oscille légèrement avant de s’arrêter. Dans un but de précision, Grand Seiko a développé un système ingénieux avec une dernière pièce sur le train de rouage, qui met en tension celui-ci et élimine le jeu, stabilisant donc le mouvement de la trotteuse.
- Axes indépendants
Lors de la mise à l’heure d’une montre, les différents jeux de frottements provoquent souvent des mouvements indésirés de la trotteuse. Toujours dans un soucis de précision et d’excellence, GS a estimé que ce genre de chose n’était pas acceptable et a donc modifié le système d’axes des aiguilles pour les rendre indépendantes et donc supprimer les mouvements parasites de la trotteuse lors de la mise à l’heure. Ils ne font d’ailleurs confiance qu’à l’expérience des artisans GS pour le montage des aiguilles, qui ne sont séparées que de 0,2mm. L’ajustement ne peut être automatisé et l’intervention humaine est indispensable.
- Date instantanée
La précision étant au coeur de Grand Seiko, les ingénieurs de GS on décidé de mettre au point un système de passage de la date en 1/2000ème de seconde, soit 200 fois plus vite qu’un clignement d’oeil, où comment passer du 1er Janvier au 19 Juillet en un clin d’oeil !
- Trimmer
Si malgré tout, le porteur de la montre se rend compte avec le temps que celle-ci a tendance à avancer ou retarder, le mouvement a une sorte de vis de réglage qui permet d’ajuster encore plus finement la marche de la montre.
Historique et évolution
Grand Seiko a utilisé plusieurs mouvements à quartz avant de passer au 9F en 1993.
La première version du 9F est le 9F83 avec le jour et la date dans une fenêtre unique à 3h, héritage de Taro Tanaka.
Le mouvement a été décliné ensuite en version avec uniquement la date, le 9F82. En 1997, GS a également proposé également le même mouvement mais d’un diamètre inférieur, le 9F61 et 9F62 (no date et date également).
Ces mouvements sont tous donnés avec une tolérance de +/- 10 secondes par an, mais on retrouve des versions spécialement ajustées, avec un contrôle particulier sur les quartz et données pour +/- 5 secondes par an, reconnaissables uniquement à l’étoile à 5 branches (une par seconde) sur le cadran à 6h. Ces mouvements portent exactement la même référence que les autres.
En 2018, Grand Seiko apporte une vraie évolution avec la fonction GMT dans le 9F86. Ce changement semble anodin mais il a demandé aux ingénieurs de GS un long travail de R&D. En effet, pour une vraie fonction GMT, il faut que l’aiguille des heures soit indépendante, ce qui n’était pas compatible avec la date instantanée sans la fabrication d’un sautoir spécifique qui n’était techniquement impossible de fabriquer dans les années 90. En repensant totalement ce système et cette pièce, clé de voute du système GMT, et en appliquant les dernières méthodes de fabrication développées par Seiko Epson, les ingénieurs furent en mesure de finalement proposer le 9F avec une fonction GMT avec aiguille des heures indépendantes.
Nouveauté
En 2020 et à l’occasion des 60 ans de Grand Seiko, la dernière version du 9F vient d’être commercialisée avec le 9F85, un mouvement 3 aiguilles + date avec réglage indépendant de l’aiguille des heures. Vous vous demanderez peut-être l’utilité d’une aiguille des heures indépendante sans GMT? Ca permet de faire le changement d’heure à l’automne et au printemps sans avoir à arrêter sa montre, afin de profiter pleinement de la précision superlative du 9F.
Liste des mouvements et références associées
9F61 No Date - SBGX
9F62 Date (petit diamètre) - SBGX
9F82 Date - SBGV
9F83 Day Date - SBGT
9F85 Date + aiguille des heures indépendante - SBGP
9F86 GMT - SBGN
Autres mouvements quartz utilisés par le passé
9581 No Date - SBGS
9587 Date - SBGS
8J55 No Date - SBGF
8J56 Date - SBGF
8N65 Date - SBGG
3F81 No Date (ladies) - STGS
4J51 No Date (ladies) - STGF
4J52 Date (ladies) - STGF
Les mouvement Spring Drive 9R: l’exclusivité Seiko
Principe de fonctionnement et spécificités
C’est pas pour rien que j’ai mis le Spring Drive en dernier. Pour simplifier à l’extrême, on pourrait dire que c’est un hybride entre le mécanique et le quartz (bien que Seiko n’aime pas qu’on dise ça).
L’idée d’origine était de combiner la précision du quartz avec l’énergie toujours disponible et écologique d’un mouvement mécanique.
Comme une montre mécanique, l’énergie est stockée dans un ressort de barillet que l’on tend en remontant la montre. L’énergie est transmise ensuite au train de rouage, tout comme sur une montre mécanique. Pour l’instant, tout est identique à un mouvement mécanique classique. Mais l’échappement est remplacé par ce que Seiko appelle le régulateur Tri-Synchro. Ce nom vient du fait que ce système gère trois types d’énergie, l’énergie mécanique, l’énergie électrique et l’énergie électro-magnétique.
Tout comme un mouvement mécanique fait tourner la roue d’échappement puis le balancier, dans le Spring Drive cet ensemble est remplacée par la Glide Wheel, une roue qui tourne toujours dans le même sens et qui est entrainée par l’énergie mécanique du ressort de barillet. Sur l’axe de cette roue se trouve un aimant et le tout est entouré de bobines. Alors que la Glide Wheel tourne, l’aimant tourne entre les bobines, ce qui génère un infime courant électrique suffisant à alimenter le reste du régulateur Tri-Synchro. Cet infime courant permet d’activer le «cerveau» de la montre, un circuit composé de deux parties: un cristal de quartz et une petite puce qui va à compter à quelle fréquence tourne la Glide Wheel. La puce va ensuite comparer la fréquence de rotation de la Glide Wheel avec celle d’oscillation du quartz et ajuster en temps réel un frein électromagnétique pour la stabiliser à 8 tours par seconde.
Contrairement à un échappement mécanique qui va bloquer puis relâcher la roue d’échappement, donnant le fameux «tic tac» à la montre, il n’y a ici aucun contact physique entre les pièces et le frein est uniquement électromagnétique, ce qui explique que la trotteuse glisse de manière parfaitement fluide, sans le moindre à-coup.
Pour paraphraser un copain horloger dans une grande marque Locloise, «c’est un peu comme enlever l’échappement de ta montre en avoir un Maître Jedi qui utilise la Force 24h/24 pour réguler ta montre».
J’ai parlé plusieurs fois d’un infime courant électrique. Celui-ci est d’exactement 25 nanoWatts, soit un 1 Watt divisé par 25 millions, ou autrement dit 1/300 000 000ème de l’électricité nécessaire à faire fonctionner une LED. Pour mettre ce chiffre en perspective, si chaque habitant de la terre portait un Spring Drive, la consommation totale d’électricité serait de 175 watts, soit une grosse ampoule.
Je ne rentrerai pas plus dans les détails techniques, mais si ça vous intéresse la revue de David Brenan sur A Blog to Watch est excellente pour ça: https://www.ablogtowatch.com/history-seiko-spring-drive-movement/2/
Le Spring Drive propose une précision de +/- 15 sec/mois, ce qui est très conservateur puisqu’on constate plutôt une dérive de l’ordre de quelques secondes par mois. La réserve de marche est de 3 jours.
Historique et évolution
Ce mouvement est le bébé de Yoshikazu Akahane, un ingénieur de Seiko Epson qui a eu l’idée de base du Spring Drive en 1978. Après 20 ans de développement, Seiko présente le Spring Drive à Baselworld 1998, avant de commercialiser les premières montres au Japon en 1999. Malheureusement Akahane meurt en Août 98 sans voir vu la commercialisation de ces montres.
Les premiers Spring Drive à ne pas être des éditions limitées sont commercialisés au Japon en 2002 et il faudra 6 ans entre l’annonce des premiers Spring Drive en 98 et la sortie ce qui était le rêve d’Akahane: un mouvement Spring Drive à remontage automatique avec 3 jours de réserve de marche. Le Spring Drive aura donc été en développement durant 28 ans, avec plus de 230 brevets et de 600 prototypes pour pouvoir finalement réaliser la vision qu’avait eu son créateur à la fin des années 70.
Le Spring Drive fera son apparition chez Grand Seiko en 2004 avec le 9R65, un mouvement 3 aiguilles + date, puis avec le 9R66 qui offre en plus la fonction GMT en 2006. Viendront ensuite deux mouvements chronographes en 2007, le 9R84 avec date et indicateur de réserve de marche et le 9R86 avec en plus la fonction GMT.
Grand Seiko propose également des mouvements spécialement ajustés, avec des cristaux de quartz spécialement sélectionnés. On retrouve le 9R15 date, le 9R16 GMT et le 9R96 chronographe+GMT+indicateur de réserve de marche+date. Ils sont reconnaissables par le médaillon du lion en or présent sur le rotor, comme les Special ou VFA 9S. Ces mouvements proposent une précision de +/- 10s/mois
On peut noter que la découpe des ponts représente la chaîne de montagne Hotaka qui entoure Seiko Epson où sont fabriqués ces mouvements.
Grand Seiko propose également des Spring Drive encore plus exclusifs, entièrement faits et décorés à la main par le Micro Artist Studio, une unité d’élite d’une dizaine d’artisans et artistes qui fabrique les pièces les plus exclusives de Seiko. Les personnes chargées de la décoration des mouvements ont été formées par Philippe Dufour en personne.
On retrouve le 9R01 sorti en 2016, un mouvement manuel à 8 jours de réserve de marche donc la décoration (ponts, découpes, vis et rubis) représente une carte du Japon, avec le Mont Fuji, le Lac Suwa et les lumières de la ville du même nom et le logo du MAS qui représente la situation géographique du studio.
En 2019, le Micro Artist Studio sort un deuxième mouvement GS avec le 9R02, dérivé du 7R14 que l’on retrouve dans la Credor Eichi. C’est un mouvement rempli à la fois d’innovations technologiques et de sublimes décorations manuelles. La découpe du barillet représente la campanule, la fleur de la ville où sont faites ces montres. La découpe des ponts représente la tige et l’angle rentrant représente une feuille. Techniquement, le barillet unique abrite deux ressorts montés en parallèle et le mouvement utilise un système appelé Torque Return System qui «recycle» l’énergie mécanique non utilisée par le système Tri-Synchro pour remonter la montre. L’ensemble permet de passer à 84h de réserve de marche, contre 72 en temps normal.
Les deux mouvements GS du MAS ont leur indicateur de réserve de marche au dos de la montre.
Les artisans du Micro Artist Studio ont également collaboré avec les horlogers de Grand Seiko pour partager leurs connaissances et leur savoir-faire. Le résultat est le mouvement 9R31 sorti en 2019, en quelque sorte une version simplifiée du 9R02, avec moins décorations manuelles et sans le Torque Return System. Il s’agit d’un mouvement manuel sorti pour les 20 ans du Spring Drive. Comme les mouvements du MAS, l’indicateur de réserve de marche est également au dos.
Nouveauté
En 2020, pour son 60ème anniversaire, Grand Seiko sort un tout nouveau mouvement Spring Drive, évolution du 9R6, le 9RA5.
Il propose trois grandes améliorations: une réserve de marche augmentée de plus de 60%, qui passe à 5 jours, une amélioration de la précision qui passe de +/-15 à 10 s/mois, et une épaisseur de mouvement qui passe de 5,8mm à 5,0mm.
Ceci est rendu possible grâce à diverse innovations.
Le système de remontage automatique spécifique à Seiko, le Magic Lever, subit sa plus grande évolution depuis sa sortie en 1958: les ingénieurs ont réussi à excentrer ce système pour gagner en épaisseur, mais tout en maintenant l’efficacité de ce système génial. La tige de remontoir et la couronne ont aussi été ramenés plus bas pour les rapprocher du poignet du porteur. Le but est d’abaisser le centre de gravité du mouvement et de la montre, un effort important mené par Seiko dernièrement.
Souvent, la finesse est synonyme de fragilité, mais en replaçant le train de rouage au centre du mouvement et en créant un pont unique très rigide, le mouvement est encore plus résistant que le 9R6.
La réserve de marche est améliorée grâce à l’utilisation de deux barillets de taille différentes.
La précision est améliorée grâce à un nouveau circuit amélioré, un quartz vieilli et sélectionné, et avec un oscillateur et un capteur encapsulés et thermocompensés, à l’image du 9F.
La décoration du mouvement s’inspire du givre qui recouvre les arbres autour du studio en hiver, puisque ces montres sont fabriquées dans les Alpes Japonaises.
Liste des références et mouvements associés
9R65 Date - SBGA
9R15 Date (précision accrue) - SBGA
9R66 Date + GMT - SBGE
9R16 Date + GMT - SBGE
9R84 Chronographe + date + indicateur de réserve de marche - SBGB
9R86 Chronographe + date + GMT + indicateur de réserve de marche - SBGC
9R96 Chronographe + date + GMT + indicateur de réserve de marche - SBGC
9R01 Micro Artist Studio 8 jours de réserve de marche - SBGD
9R31 Manuel - SBGY
9R02 Micro Artist Studio 82h de réserve de marche - SBGZ
Conclusion
La précision et la fiabilité étant les deux valeurs essentielles de Grand Seiko, il me semble essentiel de comprendre ce que propose la marque à ce niveau-là, surtout que chacune de ces trois technologies présente des spécificités uniques qui font vraiment la signature de GS.
L’innovation étant aussi une valeur important pour la marque, il est intéressant de constater qu’ils arrivent à jongler aisément entre un savoir-faire fruit d’une riche histoire et innovations en tous genre.
Au-delà de l’aspect technique des mouvements, le mélange entre modernité et tradition est une des spécificités de la culture Nippone.
Je suis persuadé que pour bien comprendre Grand Seiko et son approche unique de l’horlogerie, il est important que comprendre comment la culture Japonaise influence l’ADN même de cette marque.
Ce sera le sujet du prochain chapitre de “Grand Seiko pour les nuls”.