Taro Tanaka au-delà de Grand Seiko

Les amateurs de vintage et/ou de Grand Seiko sont pour la plupart familiers avec ce nom: Taro Tanaka.

Embauché en 1959 par K Hattori (qui deviendra ensuite Seiko Watch Corporation), il est le premier designer industriel à rejoindre les rangs de l’entreprise. Son nom est intimement lié à Grand Seiko puisque c’est lui qui a mis au point les règles de la fameuse «Grammaire du Design», cet ensemble de préceptes esthétiques qui donnent son identité visuelle à la marque.

Mais Taro Tanaka est un grand incompris. En effet, réduire son oeuvre à Grand Seiko est une grande erreur. Je rajouterais aussi que la «Grammaire du Design» en elle-même est souvent mal comprise, quand bien même c’est la chose pour laquelle il est le plus connu.

L’impact qu’a eu Taro Tanaka sur Seiko dans son ensemble est absolument immense et on peut clairement dire que Seiko ne serait pas là où ils sont aujourd’hui sans lui. 

Alors servez vous un verre de votre breuvage préféré, sortez votre plus belle veste en tweed et ajustez votre moustache, aujourd’hui nous allons marcher dans les pas du grand Taro Tanaka ! Et on va aussi en profiter pour démonter quelques idées reçues en passant.

Credit Image: The Seiko Book

Credit Image: The Seiko Book

Comme nous l’avons vu il y a peu, Taro Tanaka a bénéficié d’un mentor exceptionnel en la personne de Ren Tanaka (ils partagent le patronyme le plus répondu du pays et je ne me permettrais pas de les appeler par leurs prénoms, désolé).

Ren Tanaka a toujours été le supérieur direct de Taro Tanaka et a eu une influence importante sur sa carrière, du début à la fin. Alors que son mentor a donné à Seiko son image d’entreprise (logo, couleurs officielles, uniformisation de l’image), Taro Tanaka a quant à lui, comme nous allons le voir, donné une identité visuelle aux montres. À eux deux, ils ont littéralement changé la face de Seiko à partir de 1960.

Il me semble important de revenir sur la carrière de Taro Tanaka en quelques points.

Je tiens à préciser qu’il n’est pas possible dans un seul article de rentrer dans les détails de chaque sujet, il faudra donc aujourd’hui  vous contenter d’un survol pour essayer de mettre en avant l’importance de Taro Tanaka au-delà de Grand Seiko.


1959, le jeune Taro Tanaka, fraichement diplômé de l’école d’ingénieur de Chiba en design industriel rejoint K Hattori.



Idée reçue numéro 1: Taro Tanaka était un employé de Suwa Seikosha

C’est faux. Je ne sais pas d’où vient cette fausse information que l’on retrouve relayée dans de trop nombreux articles à ce sujet, mais c’est faux. Taro Tanaka dirigeait le service de design de ce qui deviendra Seiko Watch Corporation et travaillait donc à la fois avec Suwa et avec Daini. Il donnait des directives aux deux usines, celles-ci proposaient des mouvements ou des idées. Hiérarchiquement, Taro Tanaka est au sommet de la pyramide pour ce qui concerne le design. Il travaillait au siège du groupe, à Ginza. C’est d’ailleurs la localisation qui l’a poussé à rejoindre Seiko.

Le siège de Seiko Watch Corporation à Ginza de nos jours - Credit Anthony Kable www.plus9time.com

Le siège de Seiko Watch Corporation à Ginza de nos jours - Credit Anthony Kable www.plus9time.com

En 1960, après avoir pris ses marques et découvert les différents fonctionnements de l’entreprise, le jeune Tanaka se retrouve confronté à deux problèmes. Le premier est qu’on lui demande de s’inspirer des montres Suisses pour dessiner les montres, ce qui bride clairement la créativité des designers. Le second est plus complexe. Il faut savoir qu’à cette époque, les designers ne font pas ce qu’ils veulent mais doivent utiliser des mesures spécifiques pour le boitier, le cadran et le verre des montres, en s’appuyant sur un tableau duquel ils ne peuvent pas s’écarter. Mais comme ça ne suffit pas, ils utilisent en plus une unité de mesure héritée de l’Ancien Empire: la ligne. Une ligne correspond à un douzième de pouce, soit l’équivalent de 2,2558 mm. L’unité la plus petite est le quart de ligne, soit 0,564mm. Et pour couronner le tout, ces dimensions sont ensuite arrondies, ce qui rend la tâche très compliquée, d’autant plus que les dessins, prototypes et produits finaux sont tous à des échelles de taille différentes, ce qui donne lieu à de vrais casse-têtes entre conversion ligne/mm et chiffres arrondis manipulés dans tous les sens.

Le tableau qu’utilisent les designers de Seiko avant Taro Tanaka Credit: The Horological International Correspondance nº427 - 1995

Le tableau qu’utilisent les designers de Seiko avant Taro Tanaka
Credit: The Horological International Correspondance nº427 - 1995

Mais les problèmes de ce système de la ligne ne s’arrêtent pas là. La plupart des sous-traitants qui font les boitiers et les cadrans sont passés au système métrique et travaillent avec une tolérance de l’ordre de 0,05mm, soit dix fois plus précis que la plus petite division d’une ligne. 

Entre les mesures aléatoires et la différence de tolérance entre le design et la conception, la fabrication des pièces d’habillage est donc peu précise, ce qui amène à beaucoup de gâchis de matériaux lors de la fabrication et un ajustement entre les pièces très approximatif. Les conséquences directes sont évidentes: faire des produits modernes, en grand nombre, de qualité et vraiment étanches et durables (surtout dans un pays aussi humide que le Japon) est très difficile.

Ce système pose encore de nombreux autres soucis mais je ne rentrerai pas d’avantage dans les détails puisque vous avez compris l’idée générale: la ligne et le standard de design utilisé, c’est l’enfer.

Seulement deux ans après son arrivée, Taro Tanaka va donc révolutionner l’approche du design chez Seiko en créant un nouveau standard qui remplacera l’ancien tableau imposé aux designers et en abandonnant la ligne. Il se réunit donc avec les designers de K Hattori, de Suwa Seikosha et de Daini Seikosha, soit au total pas plus de 10 personnes, et met au point ce nouveau standard millimétrique, en entente et collaboration avec leurs sous-traitants.

Cette nouvelle façon de concevoir les montres adoptée en 1961 va fondamentalement changer le fonctionnement des choses et du point de vue du design, Seiko va rentrer dans une nouvelle ère, avec des designs et des boites beaucoup plus modernes et une meilleure étanchéité. Cette nouvelle approche va également poser les jalons de ce qui deviendra la «Grammaire du Design», mais nous y reviendrons, chaque chose en son temps.


Le premier projet sur lequel Taro Tanaka va pouvoir se pencher avec son nouveau standard est proposé et dirigé par Ren Tanaka. Il s’agit de créer une gamme de montres de qualité, produites en masse pour le marché international et qui cible les jeunes. Ces montres auront tout pour plaire: étanchéité, remontage automatique, jour et date, un look sportif mais pas extrême, une montre qu’on peut porter en toutes circonstances, à la plage, au sport, sous la douche, au travail. Bref, absolument tout ce qu’on peut demander d’une montre moderne et même un peu plus. Pour son époque, c’est un produit très qualitatif et novateur. Mais en plus, il sera proposé à un prix tout à fait abordable puisqu’on vise ici les jeunes. Et c’est évidemment Taro Tanaka qui sera mis à la tête du design pour ce projet, nommé par Ren Tanaka «Sportsmatic Five», un projet qui n’aurait jamais pu être mené à bien sans le nouveau standard de design imposé par Taro Tanaka. 

Credit: Anthony Kable www.plus9time.com

Credit: Anthony Kable www.plus9time.com

Le jeune designer aura l’idée révolutionnaire de placer le jour et la date dans une seule et même fenêtre unique à 3h. A l’époque, cette complication n’est pas courante et on indique généralement le jour de la semaine en entier, dans une fenêtre située à 6h ou à 12h, comme la fameuse Day Date de Rolex (sortie seulement quelques années avant ) par exemple. Mais dans les années 50, les ingénieurs de Seiko ont travaillé d’arrache pied pour mettre au point des montres où les informations sont regroupées: heures, minutes et secondes sont affichés par des aiguilles toutes situées au centre du cadran. On lit l’heure d’un coup d’oeil, de façon bien plus ergonomique. Pour Taro Tanaka, il devrait en être de même pour le jour et la date. Ce détail, pas si anodin que ça à l’époque, donnera naissance à une des caractéristiques de la marque.

La Sportsmatic 5 ref 41897 de 1963 C

La Sportsmatic 5 ref 41897 de 1963
C

L’autre caractéristique de la Sportsmatic Five est la couronne dissimulée à 4h dans la carrure de la montre, pour souligner l’efficacité du système automatique Magic Lever sorti en 1958. Déjà utilisé dans la gamme Seikomatic, cette caractéristique deviendra aussi un des symboles de Seiko.

Encore une fois, on touche ici à un sujet extrêmement riche et significatif et je ne rentrerai pas trop dans les détails dans cet article.

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Mais il me semble quand même important de rappeler que la première Sportsmatic 5 commercialisée en 1963 a été la première montre au monde à recevoir le Good Design Award.





La gamme Five sera un succès planétaire immédiat (entre autres grâce aux JO de Tokyo en 64), devenant un symbole à part entière de Seiko avec plusieurs dizaines de millions de montres produites depuis près de 60 ans. Elles joueront également un rôle déterminant dans la montée en flèche de l’horlogerie Japonaise dans les années 60 et dans la crise horlogère Suisse des années 70 et 80, bien plus que le quartz ! Une autre idée reçue à oublier: ce n’est pas le quartz qui a causé la crise horlogère Suisse, mais ça n’est pas le sujet d’aujourd’hui...

Un dernier point sur les Seiko Five: d’après Taro Tanaka lui-même, la 41897 de 1963 reste à ce jour encore son design le plus réussi.



Idée reçue 2: Taro Tanaka = Grand Seiko



Comme je l’ai déjà dit en introduction, on résume trop souvent Taro Tanaka à son implication dans le design des Grand Seiko, mais il a eu d’autres incroyables réussites qui ont participé à donner à Seiko son image comme nous le voyons tout au long de cet article.

Mais il est vrai qu’on ne peut pas parler de Taro Tanaka sans parler de la fameuse «Grammaire du Design»...


Idée reçue n3: son vrai nom n’est pas la grammaire du design, mais le «Seiko style»


L’idée a germé dans la tête de Taro Tanaka en 1962 alors qu’ils comparait la production horlogère Suisse aux montres Seiko proposées à Wako. Un an plus tôt, il a mis au point le nouveau standard de design de Seiko, ce qui permet plus de créativité et d’évolutions en terme de design, mais la marque peine à trouver ses marques et la comparaison avec les Suisses est toujours aussi inévitable. Il décide donc de pousser la démarche plus loin et de dresser un cahier des charges de consignes à suivre qui doivent donner à Seiko un style qui leur est propre et assurer le succès commercial de ces montres.

Il faut bien se rappeler qu’en 1962, Grand Seiko n’est pas une marque ou une gamme mais un seul modèle, le modèle le plus haut de gamme de Seiko. Donc quand Taro Tanaka commence à se pencher sur la question, son but est de mettre en oeuvre un langage esthétique propre à Seiko dans sa globalité, d’où le nom de «Seiko Style» (prononcé à l’anglaise même en Japonais, ou plutôt à la japanglaise).


Idée reçue n3bis: la Grammaire du Design n’est pas propre à GS et KS...mais...


Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le Seiko Style n’est pas propre à Grand Seiko ou King Seiko, puisqu’il est pensé pour donner une identité visuelle et attirer le client sur l’ensemble de la marque. Mais...mais mais mais...un des points du Seiko Style est l’utilisation de surfaces parfaitement planes, polies de sorte à ne présenter aucune distorsion, c’est le fameux zaratsu. Il en va de même pour les index et les aiguilles. Or, un tel travail demande un vrai savoir-faire et énormément de temps à des ouvriers hautement qualifiés, ce qui se répercute sur le prix final de la montre. On ne retrouvera donc ces caractéristiques pleinement exploitées que sur les montres haut de gamme que sont King Seiko et Grand Seiko. Ce qui ne signifie pas que le Seiko Style n’a pas été utilisé à une moindre échelle sur le reste de la production, bien au contraire. En fait le Seiko Style est une philosophie globale, dans laquelle on retrouve différents “courants” ou différentes applications dont la plus complète se retrouve dans les Grand Seiko à partir de la 44GS.

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Donc comme nous venons de le voir, l’idée du Seiko Style germe dans la tête de Taro Tanaka en 1962. On pense d’ailleurs souvent à tort que l’idée lui est venue comme une épiphanie, un jour de flânerie sur les Champs Elysées de Tokyo, mais il n’en est rien.

Taro Tanaka utilise une expression très spécifique quand il raconte cette histoire. Il dit qu’avec le design terne des Seiko à cette époque, il était impossible de «dépasser la Suisse». En fait, ces mots ne sont pas les siens mais ceux de Shoji Hattori, président du groupe depuis 1946 et dont le mot d’ordre était «Rattraper et dépasser la Suisse» (expression reprise par Pierre-Yves Donzé pour son livre éponyme fabuleux). 

C’est cette idée de dépasser la Suisse qui anime l’entreprise depuis quelques années et qui sera le moteur de tous ses succès dans les années à venir. Mais en attendant, Taro Tanaka planche pour créer un langage visuel qui permettre à Seiko de dépasser la Suisse et donnant une image reconnaissable et luxueuse à ses montres.

Sans revenir sur les différentes règles érigées par Taro Tanaka, le reste de l’histoire est claire: la première montre à incarner parfaitement ces règles est unanimement la 44GS sortie...5 ans plus tard !

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On est donc en mesure de se demander ce qu’il s’est passé pendant 5 ans ! Surtout que lorsqu’on regarde quantité de montres sorties entre 1962 et 1967, on est parfaitement en droit de se demander à quel point le Seiko Style les a influencé, voir même si la 44GS est vraiment la première montre estampillée «Grammar of Design».


Prenons exemple sur la deuxième Grand Seiko sortie en 1963, la 57GSS. Il s’agit de la première montre à bénéficier en partie du fameux polissage zaratsu et elle montre quelques prémices du Seiko Style avec son cadran plat, son double index à 12h, ses aiguilles biseautées etc. Mais elle ne coche pas non plus toutes les cases, avec beaucoup de surfaces arrondies et courbées, sa couronne non intégrée à la carrure, pas d’inclinaisons inversées pour la carrure etc. On peut également penser aux King Seiko comme la King Seiko Calendar (4402) ou la Chronometer (4420), qui laissent entre-apercevoir comment le design évolue progressivement chez Seiko sous la houlette de Taro Tanaka.

44KS ChronometerCredit: Ikigai Watches

44KS Chronometer

Credit: Ikigai Watches

57GSS “Toshiba Special” Credit: Ikigai Watches

57GSS “Toshiba Special”
Credit: Ikigai Watches

Il me semble clair que durant ces 5 années de développement, Taro Tanaka a fait évoluer ce qui allait devenir la fameuse «Grammar of Design» comme on aime l’appeler, en mettant au point certaines règles (le cadran plat date du nouveau standard de design en 1961) et en incorporant peu à peu certains détails dans différentes montres, avant d’aboutir à celle qui sera la plus parfaite expression, la fameuse 44GS de Daini.

Je pense qu’il faut donc voir le Seiko Style non pas comme une vérité absolue établie en 1962 et utilisée en 1967, mais comme une idée qui a fait son chemin dans la tête de son créateur pour évoluer et murir jusqu’à sa plus belle expression dans le chef d’oeuvre de Daini, la 44GS.

Taro Tanaka était un homme raffiné et élégant, et cette image colle parfaitement avec l’image que l’on peut avoir de Grand Seiko. Mais il n’a pas fait que des montres habillées, loin de là ! Il a également marqué l’histoire de Seiko avec la gamme Five comme nous l’avons vu, mais aussi avec les montres sportives et professionnelles.


C’est à lui que l’on doit le design des nombreux chronographes de poche sortis par Seiko à l’occasion des JO de 1964, ainsi que leurs évolutions pour les Jeux d’hiver de Sapporo en 1972. Difficile de faire plus sportif comme pédigrée pour une montre que la participation à deux Jeux Olympiques !

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Modèle amélioré pour les JO de Sapporo 72’ Credit: Seiko Museum

Modèle amélioré pour les JO de Sapporo 72’
Credit: Seiko Museum

Il est également à l’origine de nombreux modèles de plongeuses.


Seiko 6215 et 6159 300mCredit: photo trouvée sur vintagewatchco.com sans citer de source autre que Google Image

Seiko 6215 et 6159 300m

Credit: photo trouvée sur vintagewatchco.com sans citer de source autre que Google Image

C’est à lui que l’on doit le design des toutes premières plongeuses professionnelles de Seiko avec la 6215 et l’année suivante la 6159-7000. Puis il planchera 7 années durant sur la montre ultime pour les plongeurs professionnels, suite à une lettre de plainte écrite par Hiroshi Oshima en 1968, un scaphandrier de la Japan Marine Industry Company, dont la 6159-7000 avait tout simplement explosé lors de la décompression de sa capsule. 

Taro Tanaka travailla en étroite collaboration avec les plongeurs du port de Kure à Hiroshima (également connu pour être la plus grande base navale du Japon et le port d’attache du Yamato) pour développer une montre qui réponde à l’ensemble de leurs besoins. Le jeune ingénieur Ikuo Tokunaga, fraichement diplômé de la prestigieuse Université de Waseda en 1970, travaillera sur le projet mais la paternité de la montre, son design et tout le travail de collaboration avec les équipes de la Japan Marine Industry dès 1968 reviennent bien à Taro Tanaka.

Sortira en 1975 celle qui sera considérée comme la meilleure montre de plongée au monde, la mythique 6159-7010 Grandfather Tuna. Pour cette montre, Tanaka travailla au développement d’une matière lumineuse avec Nemoto Special Chemical, une entreprise Japonaise spécialisée dans les peintures lumineuses depuis 1941. Face au tritium et autres matière lumineuses radioactives alors utilisées communément en horlogerie, son but est de créer, pour les plongeurs de Hiroshima, une peinture lumineuses non-radioactive. Cette peinture exclusive à la Grandfather Tuna, appelée «NW Luminous», sera la première peinture lumineuse blanche et non radioactive au monde, une réelle innovation dans l’histoire de l’horlogerie, et sera donc l’ancêtre de fameux Lumi Brite de Seiko. En 1993, Nemoto vend la licence «Luminova» aux Suisses, tandis que le Lumi Brite reste un produit différent, breveté par Seiko.

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Mais bien que cette montre propose une quantité impressionnante d’innovations, de brevets et de premières mondiales, elle sera remplacée 3 ans plus tard, en 1978, par une version encore plus pointue et cette fois-ci équipée d’un mouvement à quartz: la non moins mythique 7549-7000 Golden Tuna.

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Cet autre échelon dans l’histoire globale des montres de plongée (première plongeuse à quartz au monde) sera également la toute dernière montre conçue par Taro Tanaka. En effet, lorsque Shoji Hattori décède le 29 Juillet 1974m un jeune cadre prometteur du groupe Seiko estime qu’il n’y a pas besoin d’un bureau de design et celui-ci est dissout en 1974, laissant à Daini et Suwa toutes les responsabilité de ce qui concerne le design des montres, sans une autorité qui chapeaute cette lourde tache et donne les directives comme le faisait Taro Tanaka depuis 1959.

De manière assez ironique, lorsque Suwa voulu sortir la Golden Tuna après la dissolution du studio de design, aucun designer n’était en mesure de concevoir une telle montre et ils durent donc faire appel à Taro Tanaka en tant que chef produit.

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi la Golden Tuna vient de prendre une toute autre dimension !

Vous devez donc vous demander ce qu’est devenu Taro Tanaka après la dissolution du studio de design de K Hattori (future Seiko Watch Corp).

Et bien à nouveau, il resta sous la direction de son mentor de toujours, Ren Tanaka, qui établit en Février 1976 le Service Client de K Hattori. Taro Tanaka en fut le manager ainsi que le responsable de la production des catalogues jusqu’à la fin de sa carrière.

Des années plus tard, Seiko Watch Corp. re-créera son studio de design à Tokyo, se rendant compte de la grave erreur commise en 1974, mais cette fois-ci sans Taro Tanaka, déjà parti à la retraite. Ce studio est aujourd’hui dirigé par le talentueux Nobuhiro Kosugi.

La carrière de designer de Taro Tanaka n’aura duré au final qu’une grosse quinzaine d’années, mais il aura fait passer Seiko dans l’ère moderne et aura été un acteur décisif dans la course engagée et remportée par Seiko contre la Suisse. Il mit son talent au service d’une politique globale lancée par Shoji Hattori, fils de Kintaro Hattori, il donna un visage à Seiko et créa aussi bien des montres très populaires comme les Five, des montres très luxueuses avec de nombreuses Grand Seiko, des plongeuses avec la 6105 ou la 6159 300m, des sportives avec les chrono des JO de 64 et 72 ou des montres spéciales avec les Tuna 600m pour lesquelles il fut l’instigateur de ce qui deviendra le Lumi Brite et le Luminova.

Au-delà des montres en elles-même, il mit au point le système de référence de format xxxx-xxxx toujours d’actualité et aida également Seiko à se structurer en interne avec les catalogues, à une époque où Seiko ne garde presque aucune trace de l’inventaire et des résultats des ventes de chacune de ses références.


Taro Tanaka reste à mon sens un des plus grands noms de l’histoire de Seiko et de l’horlogerie en général et j’espère que ce résumé vous aura aidé à mieux apprécier l’impact monumental qu’il a eu au-delà de Grand Seiko.

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