Suwa vs Daini: l’histoire d’une rivalité
Quand on parle de Seiko vintage, il y a deux noms qui reviennent systématiquement: Suwa Seikosha et Daini Seikosha. Comme vous le savez sûrement, il s’agit des deux grands sites de production qui fabriquaient et fabriquent toujours (sous d’autres noms) les montres qui sont ensuite commercialisées par Seiko Watch Corporation.
Mais en fait, Suwa et Daini, c’est qui, c’est quoi?
Il me semble utile de reprendre quelques notions historiques au sujet de ces deux usines, que ce soit pour mieux comprendre l’organisation générale de Seiko, la façon dont la marque a évolué depuis un siècle, mais aussi comment la rivalité fraternelle entre ces deux centres névralgiques de Seiko a pu être utilisée de manière positive par Seiko Watch Corporation pour propulser la marque au sommet de l’horlogerie mondiale.
Je vous propose donc dans un premier temps de reprendre un historique rapide et quelques points clés de l’histoire et l’évolution de Seikosha, de Daini et de Suwa, puis dans un deuxième temps d’illustrer la rivalité qui anime ces deux maisons depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à nos jours.
Seikosha
Daini Seikosha signifie littéralement « la seconde Seikosha ». Il faut donc parler d’abord de la première Seikosha…
Comme vous le savez, Kintaro Hattori a ouvert son atelier de réparation et de ventes d’horloges d’occasion dans le quartier de Ginza en 1881, sobrement appelé K Hattori. Les bénéfices tirés de cette activité lui permettent ensuite de devenir importateur, grossiste et détaillant d’horloges Européennes. Depuis le début, sa volonté est d’avoir sous sa responsabilité toutes les étapes de la vie d’un garde-temps, de sa fabrication à son entretien en passant par sa vente. Sa boutique ayant un franc succès, les bénéfices qu’elle génère lui permettent de racheter des locaux et d’ouvrir en 1892 sa propre usine de fabrication d’horloges qui seront vendues aux côtés des autres horloges importées dans sa boutique. C’est la naissance de Seikosha.
Initialement spécialisée dans la fabrication d’horloges, Seikosha se met ensuite à fabriquer des réveils, puis des montres de poches. À partir de 1913, Seikosha commence également à produire des montres bracelets.
Lorsque Kintaro Hattori décède en 1934, se sont ses deux fils Genzo et Shoji qui reprennent le flambeau. Ils prendront une décision très importante lors de leur arrivée à la tête de l’empire familial: séparer la fabrication de montres bracelets de celle des réveils et des horloges.
Daini Seikosha
En 1937 est inauguré dans le quartier de Kameido l’usine «Daini Seikosha Kameido», littéralement “la deuxième Seikosha de Kameido”. Les horloges et réveils sont toujours produits par Seikosha et les montres bracelets sont fabriquées par Daini Seikosha.
Avec l’entrée en guerre des Japonais contre les Américains lors de la Seconde Guerre Mondiale, Tokyo est rasée par les bombes et Daini Seikosha n’échappe pas aux bombardements. Heureusement, les dirigeants du groupe avaient senti venir le danger. La quasi-totalité du personnel et du matériel est mis à l'abri au cœur des Alpes japonaises dans ce qui deviendra Suwa Seikosha.
Après la guerre, l’usine Daini Seikosha est reconstruite à Kameido et la production de montres reprend dès 1948. Cette usine fonctionnera durant 50 ans et fermera ses portes en 1998. Daini Seikosha changera de nom en 1983 pour devenir Seiko Instruments & Technology, puis en 1997 pour devenir Seiko Instruments Inc, ou SII ou SII pour les intimes. La majorité de la fabrication des pièces et des mouvements pour le marché Japonais est alors transférée dans le nord du Japon, à Morioka Seiko Instruments Inc., fondé en 1970. D’autres succursales sont ouvertes en Asie et au Brésil pour compléter l’offre de SII pour le marché international.
Aujourd’hui, SII (Seiko Instruments Inc.) est une des trois grandes entités du groupe Seiko, avec Seiko Holdings Corporation et Seiko Epson. Les montres fabriquées par SII et Seiko Epson sont commercialisées par Seiko Watch Corporation, une des branches de Seiko Holdings Corporation.
Pour compliquer un peu les choses, SII est depuis 2009 une branche de Seiko Holdings Corporation.
Les hauts faits de Daini Seikosha
Quelques créations sorties tout droit de Daini Seikosha ont marqué l’histoire de Seiko. On peut citer la Seiko Cronos, la naissance de King Seiko, la fameuse 44GS, la 45GS et son excellent calibre 45 décliné en version VFA et Astronomical Observatory Certified, les chronographes de poche des JO de 1964 dont les versions Hi Beat à rattrapante et ultra Hi Beat 360,000 alternances par heure, le fabuleux calibre 68 extra plat dont je vous ai déjà parlé dans cet article, l’excellent calibre 52, dernier calibre mécanique haut de gamme de Seiko avant le tsunami du quartz, puis ses évolutions modernes que sont les calibres 4S (ayant récemment évolué en 6L) puis le chronographe 6S. Enfin, il est impossible de ne pas citer le fameux calibre 9S de Grand Seiko dans toutes ses déclinaisons ainsi que le tourbillon Credor (basé sur le calibre 68), puisque c’est SII qui produit tous les mouvements des Grand Seiko et Credor mécaniques. Plus récemment, Grand Seiko a dévoilé son tourbillon à force constante dont il est question ici.
Boîtiers et cadrans sont fabriqués par Shokosha, un sous-traitant appartenant également au groupe Seiko.
L’identité de Daini Seikosha
Daini se distingue par une approche plus traditionnelle de l’horlogerie et plus particulièrement par sa maîtrise des hautes fréquences et des calibres ultra plats.
La 44GS de Daini est surtout connue pour son design mais son calibre 44 à remontage manuel est le meilleur calibre « low beat » (c’est à dire battant à 18,000 bph) que la marque ait produit, avec toute l’excellence de l’horlogerie classique mélangée au savoir-faire propre à Daini.
Bien que la Lord Marvel 36000 fut mise au point par Suwa, Daini a montré son expertise dans le domaine des hautes fréquences avec les chronographes de poche des JO de 1964 (dont certains battent à 36000 et même 360000 bph) ou le fameux calibre 45 Hi Beat à remontage manuel.
On peut également noter le calibre 19, seul mouvement Hi Beat pour femme au monde, qui équipe entre autre les 19GS dans sa version la plus haut de gamme. Les calibres modernes 9S8x Hi Beat et Hi Beat GMT en sont un autre exemple.
Les calibres ultra fins sont aussi une spécialité de la maison avec la Goldfeather sortie en 1960, la montre à seconde centrale la plus fine de son époque, puis le fameux calibre 68 toujours utilisé de nos jours chez Credor.
Les calibres mécaniques haut de gamme sont devenus la chasse gardée de SII, mais l’entreprise fait un grand écart entre ces mouvements et la fabrication à la chaîne de millions de mouvements quartz pour les différentes marques de Seiko ainsi que pour la distribution à d’autres marques.
De part sa longue implantation à Tokyo, les productions de Daini sont également très appréciées des collectionneurs Tokyoïtes !
Voici une excellente vidéo qui regroupe différentes productions de SII montrant leur quête vers les hautes fréquences.
Quelques noms associés à Daini
Shoichiro Komaki
Komaki san est un des grands noms derrière le succès de Seiko aux JO de 1964. Il a joué un rôle central dans la création des chronographes de poche qui ont permis à Seiko de décrocher le contrat. Il a également joué un rôle clé dans la participation de Daini aux concours de chronométrie Suisse et dans le développement des montres à quartz. Il était à la tête du pôle R&D de Daini durant cette période cruciale de l’histoire de la marque et a donc été un des moteurs de la réussite de Seiko dans ces moments décisifs.
Akira Ohira
C’est l’acteur central dans le retour de Seiko sur le devant de la scène avec les montres mécaniques haut de gamme dans les années 90. C’est le père du calibre 9S et lui qui a formé tous les horlogers qui travaillent sur les GS mécaniques maintenant. Bien qu’il ait dépassé l’age de la retraite, il travaille encore pour Seiko, en particulier pour la formation des horlogers chargés du SAV de Seiko dans le monde entier. Il fut également en charge de l’installation d’usines SII en Asie et au Brésil.
Il est surnommé « le dieu du réglage » par les connaisseurs et est clairement la figure centrale mais trop peu connue de Morioka.
Mamoru Sakurada
C’est le spécialiste du calibre 68 et longtemps le seul horloger abilité à toucher ces mouvements. La finesse des pièces et le fait qu’elles aient souvent été dans un premier temps gravé avec la plus grande délicatesse nécessite que la personne chargée de l’assemblage vérifie la planéité des ponts à la seule sensibilité de la pulpe de ses doigts, puis ajuste celle-ci d’une légère pression si cela s’avère nécessaire. Aujourd’hui à la retraite, il a transmi son savoir-faire à Katsuo Saito qui assure maintenant la relève.
Satoshi Hiraga et Tsutomu Ito
Satoshi Hiragana et Tsutomu Ito représentent la nouvelle garde des horlogers de SII. Rentrés chez Seiko à peu près au même moment (1989 et 1991), ils ont été tous les deux formés par Akira Ohira. Aujourd’hui, Satoshi Hiraga est entre autres en charge de l’assemblage du tourbillon calibre 6830 alors que Tsutomu Ito est responsable de l’assemblage des calibres 9S et il est particulièrement réputé pour l’ajustement des spiraux. Hiraga san est habitué à voyager à travers le monde pour participer à divers évènements et vous l’avez peut-être déjà croisé dans une soirée spéciale d’une des Seiko boutiques de France ou d’ailleurs.
Voici une vidéo absolument exceptionnelle, déterrée des tréfonds du YouTube Japonais. Vous pouvez y voir un jeune Ito san à l’établi avec son sensei Ohira San par-dessus son épaule qui lui transmet son savoir-faire légendaire. Les deux homme partagent aussi un repas et quelques bières avec Sakurada san. C’est une vraie émotion que de voir ces grands noms réunis, il y a 20 ans en arrière… Même sans comprendre le Japonais, ces images sont précieuses et le testament d’une grande époque à Morioka…
Suwa
En 1942, Hisao Yamasaki fonde dans la ville de Suwa, au cœur des Alpes Japonaises, la compagnie Daiwa Kogyo qui devient sous-traitant pour Daini Seikosha. L’année suivante, Daini et Daiwa Kogyo fusionnent et Daini envoie des employés et un maximum de machines loin de Tokyo, à l’abri des bombes qui pleuvent. C’est la création de Daini Seikosha Suwa, à ne pas confondre avec Daini Seikosha Kameido situé à Tokyo. En 1959, le nom change pour devenir tout simplement Suwa Seikosha après la fusion acquisition des deux entités.
Bien que Suwa fut fondée et construite grâce aux moyens et au personnel de Daini Seikosha, les deux entreprises sont bien deux entités totalement séparées, aussi bien d’un point de vue administratif que financier ou organisationnel .
À l’instar de Daini, Suwa fabrique ses propres montres qui sont commercialisées par K Hattori (futur Seiko Watch Corporation).
L’entreprise sera très fortement influencée par Tsuneya Nakamura qui terminera d’ailleurs sa carrière comme président.
Lors des JO de 1964, Suwa invente ni plus ni moins que l’imprimante éléctronique qui permet d’imprimer les résultats des épreuves chronométrées. Quelques années plus tard en 1968 sort l’EP-101 (pour Electronic Printer), qui donnera son nom à Epson, pour « son of Electronoic Printer ». En 1985, Suwa Seikosha prendra le nom de Seiko Epson.
Mais de nos jours, on peut noter que Seiko Epson possède deux marques de montres qui ne sont pas distribuées par Seiko Watch Corporation mais directement par eux: Trume et Orient.
Les hauts faits de Suwa
C’est à Suwa que l’on doit des innovations majeures pour Seiko comme le Magic Lever (système de remontage automatique), la première montre à quartz, le premier chronographe automatique au monde, l’invention des mouvements Kinetic et Spring Drive etc.
C’est évidemment aussi chez Suwa que l’on voit naître Grand Seiko et des familles emblématiques et très modernes de GS pour leur époque comme les 62GS automatiques ou la 61GS Hi Beat automatiques, concurrente de la 45GS Hi Beat manuelle de Daini. Les 56GS seront elles le début de l’industrialisation des montres avec des mouvements assemblés à la chaîne, montrant là aussi la modernité propre à Suwa.
Suwa s’est aussi distingué avec la création de toutes les premières plongeuses de Seiko, de la 62MAS à la Tuna quartz, sous la direction de Taro Tanaka.
Mais évidemment, Suwa s’est démarqué sur la scène mondiale en 1969 avec la commercialisation à quelques mois d’écart du premier chronographe automatique au monde et de la première montre à quartz au monde.
Aujourd’hui Seiko Epson se distingue par la fabrication des Seiko Astron GPS, des Grand Seiko et Credor à quartz et Spring Drive, et avec le fameux Micro Artist Studio. Tout comme SII, ils fabriquent aussi des mouvements quartz entrée de gamme par millions. À la différence de SII, Seiko Epson fabrique et poli la grande majorité de ses boitiers alors que SII travaille avec leur sous-traitant historique Hayashi Seiki Seizo.
L’identité de Suwa Seikosha
Si Daini représente une approche traditionnelle de l’horlogerie, Suwa incarne la modernité et l’innovation. Je pense qu’il n’est pas exagéré d’attribuer au moins en partie ces caractéristiques à Tsuneya Nakamura, figure centrale de Suwa.
Les Grand Seiko modernes sont une parfaite illustration de cette différence entre les deux maisons. Au-delà des mouvements mécaniques qui sont propres à SII Morioka et des Quartz et Spring Drive propres à Seiko Epson, le design des montres, les matériaux utilisés ou encore les cadrans que l’on retrouve aujourd’hui sur les GS de Shiojiri (ville proche de Suwa où sont fabriquées les GS 9F et 9R) montrent un approche plus moderne et novatrice, là où les modèles mécaniques de Morioka se veulent plus sobres et traditionnels dans leur approche de l’horlogerie. Ca n’est d’ailleurs que récemment avec les plongeuses Hi Beat SBGH255 et 257 de Morioka a produit des GS typées sport.
Quelques noms associés à Suwa
Tsuneya Nakamura
Son nom ayant déjà été cité plusieurs fois, vous vous doutiez sûrement qu’il allait apparaître ici. Nakamura faisait partie des employés de Daini à être envoyé à Suwa pendant la guerre. Il est l’inventeur du Magic Lever mais il dirigera aussi tous les projets essentiels de Suwa, de la création de Grand Seiko aux concours de chronométrie en passant par la création de la première montre à quartz au monde. Comme cela a été dit un peu plus tôt, il finira sa carrière comme président de Suwa Seikosha.
Kiyoko Nakayama
La seule femme dans l’histoire de la marque à avoir son nom cité quelques rares fois, Nakayama s’est distinguée par ses capacités en tant que régleuse. Elle fait partie des meilleurs horlogers de Suwa Seikosha et a participé aux concours de chronométrie en Suisse. Elle explique que son succès est dû à deux choses: elle ramenait des mouvements à la maison pour continuer à s’entraîner, et surtout elle ne transpire pas des mains, ce qui d’après elle est essentiel pour que les pièces assemblées ne s’oxydent pas. Après les concours de chronométrie, elle fit partie de l’équipe en charge d’assembler et de régler les 61GS VFA.
Tokuaki Miura
Miura san fait partie de ces noms inconnus de la plupart des amateurs de Seiko, et pourtant il fut un des acteurs essentiels de l’histoire de la marque. Designer chez Suwa Seikosha, diplômé de l’Université des Arts de Tokyo, c’est à lui que l’on doit le design de nombreux chronographes iconiques de la marque comme le fameux chronographe Pogue et les autres déclinaisons des 6139-600x, y compris la version Sunrise ou encore le chrono Panda et le Holy Grail. C’est aussi lui qui a créé le logo de Suwa surnommé en Japonais « le nombril ».
Yoshikazu Akahane
Yoshikazu Akahane est surtout connu pour être le cerveau derrière l’idée et la conception du Spring Drive. Il s’est écoulé environ 30 ans entre le moment où l’idée a germé dans sa tête et la commercialisation des premiers Spring Drives, qu’il ne verra malheureusement pas puisqu’il décédera juste avant. Cette petite révolution horlogère, ou la révolution silencieuse comme Seiko aime l’appeler, ne doit son existence qu’à la ténacité d’Akahane qui poursuivra ses recherches en dehors de ses heures de travail et malgré l’opposition de ses supérieurs.
Kenji Shiohara
À la fin des années 90, Shiohara fait partie des derniers horlogers de Seiko Epson a avoir été formé dans les années 70 et avec de vraies compétences en horlogerie mécanique. C’est lui qui est chargé de réparer la montre du président de l’entreprise, une montre mécanique Jean Lassale (unique marque Suisse appartenant à Seiko) de seulement 1,2mm d’épaisseur. En échange, il demande de pouvoir créer un petit atelier qui aura pour but de perpétrer le savoir-faire de Seiko dans la haute horlogerie et en particulier avec l’idée de faire des montres vraiment durables.
Il fonde le Micro Artist Studio et crée avec son équipe des montres mythiques comme les Credor Eichi, Sonnerie et Répétition Minute. Le MAS étant une émanation d’Epson, vous comprenez maintenant pourquoi ils ne proposent que du Spring Drive.
Yoshifusa Nakazawa
Nakazawa est le visage du Micro Artist Studio. Natif de Suwa, il rejoint la grande entreprise locale en 1979 et remporte en 1981 la médaille d’or au Olympiades des Métiers d’Atlanta dans la catégorie réparation de montres. Héritier de Shiohara, il est maintenant chargé de transmettre tout son savoir sur l’assemblage de ces pièces d’exceptions, en particulier de la Sonnerie, à la prochaine génération. Vous l’avez probablement aperçu dans les vidéos d’Hodinkee ou divers articles sur le Micro Artist Studio.
La rivalité
Seiko Watch Corp, chargée de formuler ses demandes à Suwa et Daini, a utilisé la séparation de ces deux entités pour mettre en place une forme de rivalité fraternelle, une saine émulation qui a permis de vraies évolutions et qui a poussé chaque entité à se dépasser systématiquement, rendant ainsi Seiko toujours plus compétitif et novateur. Bien que cette rivalité soit présentée ici sous forme de « duels », il faut bien voir qu’il s’agit de quelque chose de moins fixé que ça, plutôt d’une dynamique.
Cette rivalité est née dans les année 50 lorsque Suwa produit la Seiko Super.
Daini répond en 1955 avec la Unique, très semblable à la Super mais 0,3mm plus fine.
Suwa réplique en 1956 avec la Marvel, une des montres les plus importantes dans l’histoire de Seiko, marquant son entrée dans l’ère moderne. Son impact fut énorme, que ce soit par son succès commercial, son succès aux concours de chronométrie au Japon ou par les montres qu’elle inspira (Crown, Lord Marvel, Grand Seiko, Crown Chronograph…).
Voici quelques « duels » mémorables entre des montres produites par les deux rivaux.
Commençons avec un duo… de trois montres !
La Super est la première montre moderne que Seiko commercialise après la seconde guerre mondiale, en 1950.
En 1955, Daini répond avec la Unique, qui sera très vite éclipsée l’année par la Marvel de Suwa, une montre essentielle dans l’histoire de Seiko.
Un des duels cruciaux de la fin des années 50 est celui qui oppose la Cronos de Daini (1958) et la Crown de Suwa (1959). Les deux seront également déclinés en version « Special ». La Cronos est en fait la réponse de Daini à la Marvel de Suwa. La Crown, évolution de la Marvel, est elle la réponse à la Cronos.
La rivalité de la Cronos et de la Crown va évoluer avec leurs descendantes: les King Seiko (1961) et Grand Seiko (1960)
La deuxième génération de KS et GS continue la rivalité entre Daini et Suwa avec la King Seiko 49999 et la Grand Seiko 43999
Après 1966, Daini et Suwa se mettent tout deux à produire des Grand Seiko et la rivalité continue avec leurs modèles Hi Beat respectifs sortis en 1968: la 45GS manuelle de Daini et la 61GS automatique de Suwa.
Suwa et Daini produiront chacun leurs chronographes automatiques, avec la série 61 pour Suwa et la série 70 pour Daini.
Bien que ce soit Suwa qui ait commercialisé la toute première montre à quartz au monde, Daini était également dans la course. Les références de ces modèles montrent d’ailleurs bien la course entre les deux maisons. Pour la toute première génération de quartz, Suwa propose la 35SQ et Daini la 36SQ, puis les calibre 38 (Suwa) et 39 (Daini) pour la seconde génération. Ce seront les premiers quartz commercialisés de manière plus large.
Bien qu’il serait possible de continuer encore et encore sur les modèles qui incarnent le mieux la compétition entre ces deux entités, je vous propose de conclure sur deux Grand Seiko modernes qu’il serait évident de présenter ensemble pour imager la rivalité de ces deux maisons.
Les deux GS les plus emblématiques de cette concurrence fraternelle qui existe toujours depuis 70 ans sont la Snowflake de Seiko Epson (Suwa) et la Mont Iwate de SII (Daini).
Conclusion
Ce tour d’horizon devrait vous avoir donné une vue d’ensemble de la dynamique qui anime Suwa et Daini, ou Seiko Epson et Seiko Instrument Inc comme on les appelle aujourd’hui, ainsi qu’une idée des montres et des personnes qui incarnent le mieux ces deux entités à mon sens.
Comprendre la rivalité entre ces deux centres névralgiques de Seiko permet de mieux comprendre comment les montres sont faites et comment l’offre est compartimentée. Cette compréhension permet aussi de voir comment les deux manufactures se sont spécialisées avec le temps pour développer des caractéristiques assez spécifiques. Avec l’habitude, vous serez même en mesure de reconnaître d’où vient telle ou telle montre uniquement avec son design, les deux maisons ayant des identités propres qui se ressentent jusque dans les détails.
Mais l’histoire de Suwa et Daini ne se résume pas uniquement à une rivalité: en effet par le passé on a déjà vu à quelques rares occasion une collaboration entre Suwa et Daini, principalement avec les plongeuses des années 60/70 comme la 62MAS donc une partie des derniers modèles a été manufacturée chez Daini, comme ce fut le cas également pour la 6105-8000.
Au final, c’est Seiko Watch Corporation qui joue le rôle de chef d’orchestre et qui permet des synergies parfois nécessaires à ce que cette mécanique soit parfaitement huilée !
Vous savez donc maintenant exactement ce qui sépare et distingue Suwa et Daini et pourquoi les Grand Seiko modernes viennent de deux manufactures différentes, avec chacune leurs spécificités propres ! Ces deux maisons n’ont donc plus de secrets pour vous maintenant !
Un grand merci à Andrea Secco de @TheSeikoGuy ou www.theseikoguy.com pour la magnifique photo utilisée en miniature et en bannière et les quelques photos empruntées. Je vous conseille de mettre directement son excellent site dans vos favoris !
Un grand merci également à Anthony Kable @akable de www.plus9time.com pour l’utilisation de toutes les illustrations, images et photos puisées sur son fabuleux site que je recommande très chaudement à tous les anglophones !
Sources:
https://www.plus9time.com
https://www.theseikoguy.com
https://www.watch-wiki.net/index.php?title=Seiko_35
https://www.watch-wiki.net/index.php?title=Seiko_36
https://www.watch-wiki.net/index.php?title=Seiko_38
https://www.watch-wiki.net/index.php?title=Seiko_39
https://www.seikowatches.com/fr-fr/special/tokinowaza/nakazawa/interview/
https://quillandpad.com/2020/09/13/seikos-secret-specialist-haute-horlogerie-micro-artist-division-in-japan/
https://museum.seiko.co.jp/en/seiko_history/milestone/milestone_06/
http://seiko.aydinsaat.com/world/tokinowaza/ito/interview/
https://global.epson.com/company/corporate_history/timeline/
https://global.epson.com/IR/library/integrated2019/vision/
https://www.plus9time.com/blog/2017/3/30/japan-winter-2017-trip
https://watchvietnam.vn/kien-thuc/luoc-su-hang-seiko-mot-cuoc-hanh-trinh-vi-dai-chuong-6-bai-2-het-chuong.html
https://www.watchonista.com/articles/history/history-quartz-weekend-part-1-seiko-revolution
http://www.shizukuishi-watch.com/eng/intro.html
https://www.plus9time.com/seiko-case-back-information/
The Seiko Book
The History of the Seiko 5 Sports Speed -Timer - Ryugo Sadat
Seiko - A journey in Time
Rattraper et dépasser la Suisse - Pierre-Yves Donzé
12 faces of time - Elizabeth Doerr